de François Brétéché | 10 Minutes

On plonge dans l’histoire des synthés Korg, l’enfant rebelle parmi les trois grands fabricants japonais, qui a toujours préféré suivre sa propre voie.

Par rapport à Roland et Yamaha, Korg a toujours eu une approche un peu différente. Fondée en 1962 par Tsutomu Kato, propriétaire de boîte de nuit, dans le but initial de fabriquer des boîtes à rythmes, Korg est restée fidèle à son esprit original. Lors d’une interview, Tatsuya Takahashi, l’un des concepteurs de synthétiseurs chez Korg, expliquait que, contrairement à ses concurrents japonais, Korg était restée une entreprise privée, libre de suivre ses envies, pour le meilleur comme pour le pire.

MiniKorg 700 : les premiers synthés de Korg

L’histoire du tout premier synthétiseur analogique de Korg débute en 1967. Fumio Mieda, jeune ingénieur prometteur et futur inventeur de l’Uni-Vibe, approche Kato avec l’idée d’un orgue programmable. Immédiatement séduit, Kato confie à Mieda la réalisation d’un prototype : un orgue expérimental avec une section de synthèse unique, peut-être même le premier synthétiseur jamais conçu au Japon. Inspirée par cette création, et constatant l’engouement pour les synthés aux États-Unis et au Royaume-Uni, Korg reviendra plus tard sur ce prototype pour donner naissance à un instrument inédit.

En 1973, le MiniKorg 700 fait son apparition. Ce petit instrument intrigant est pensé pour être posé au-dessus d’un orgue, comme c’était courant au Japon à l’époque. Mais contrairement à d’autres, ce n’est pas un synthé à presets : c’est un véritable synthé monophonique, avec un seul oscillateur, un filtre et une enveloppe basique. À cette époque, chacun inventait ses propres règles. L’élément le plus inattendu est le Traveler, un filtre combinant passe-bas et passe-haut dans un unique curseur horizontal. Et côté son, le 700 brille par sa douceur et sa musicalité.

Korg 700 and MS-20
MiniKorg 700S avec un MS-20 plat ultra rare derrière lui.

700S et 800DV : du mini au maxi

Un an plus tard, en 1974, Korg lance une version améliorée du 700 : le 700S. Il intègre un second oscillateur, du bruit, la modulation du filtre, un paramètre de sustain et un vrai circuit de ring modulation. Korg en proposera d’ailleurs une réédition moderne en version mini.

KORG miniKORG 700Sm
KORG miniKORG 700Sm

Mais pourquoi se contenter d’un 700S quand on peut en avoir deux ? C’est exactement ce que Korg a fait en 1975 avec le Maxi-Korg 800DV : deux 700S réunis dans un même boîtier. Le résultat ? Un synthé duophonique puissant, capable de générer deux sons indépendants en même temps.

Maxi Korg 800DV
Maxi-Korg 800DV

Série PS : la démesure polyphonique

La fin des années 70 marque une période d’effervescence dans le monde des synthétiseurs, et Korg ne fait pas exception. Tout le monde cherche à créer un synthétiseur analogique polyphonique pour offrir plus de possibilités que les modèles monophoniques. Korg répond à ce défi en 1977 avec deux véritables monstres : le PS-3100 et le PS-3300, deux instruments majeurs dans l’histoire de la marque.

À l’image du Polymoog, le PS-3100 utilise la division de fréquence pour répartir 12 oscillateurs sur 48 touches. Mais Korg va plus loin : chaque note dispose de son propre filtre, enveloppe et ampli. Ajoute à cela une section d’ensemble, du microtuning, des résonateurs et des points de patch et tu obtiens un semi-modulaire redoutable.

Korg PS-3100
Korg PS-3100

Et si on allait encore plus loin dans l’excès ? C’est le pari fou du PS-3300, qui regroupe en gros trois PS-3100 dans une seule machine. Chaque touche bénéficie de trois sections complètes, avec en plus une section globale (enveloppe, mix, sustain, etc.).

Korg PS-3300
Korg PS-3300

En 1978, Korg complète la série avec le PS-3200, qui introduit des mémoires de patch via des boutons poussoirs, mais remplace les résonateurs par un égaliseur graphique. 

D’ailleurs, Korg a récemment réédité le PS-3300 : toujours aussi impressionnant… et onéreux.

MS-20 : le synthé punk

Après l’opulence des PS, Korg opte pour une approche plus brute avec la série MS, lancée en 1978. Le MS-10, le MS-20 (à deux VCO) et l’expandeur MS-50 ont un look robuste, des boutons empruntés à la série PS, et surtout un son tranchant, presque agressif, parfait pour les musiciens s’aventurant dans des genres plus hard.

Korg MS-20
Korg MS-20

Le MS-20 devient la star de la gamme. Avec deux oscillateurs, un circuit de ring mod, deux filtres résonants (passe-bas et passe-haut) et une patchbay généreuse, il se distingue aussi par une entrée audio permettant de traiter le signal d’une guitare ou d’un autre instrument, ce qui lui donne un côté encore plus punk.

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MS-10 et MS-50 : toujours aussi rebelle

Le MS-10, plus compact, n’en est pas moins féroce. Un seul VCO, mais le même filtre Korg-35 criard que le MS-20, des points de patch, et un atout que son grand frère n’avait pas : la modulation de largeur d’impulsion (PWM).

Le MS-50 complète la famille. C’est un expandeur ultra modulable, pensé pour fonctionner avec d’autres appareils MS, ou même des synthés d’autres marques grâce à sa compatibilité double norme (Hz/volt et volt/octave). Son filtre, basé sur une topologie à diodes, offre un rendu plus neutre.

PolySix et Mono/Poly : Korg trouve le bon équilibre

Au début des années 80, grâce aux circuits intégrés, les synthés polyphoniques analogiques deviennent plus accessibles. Plutôt que de concurrencer frontalement le Jupiter-8 ou le Prophet-5, Korg choisit de viser le marché plus abordable. C’est ainsi qu’en 1981 naît le PolySix : un synthé à six voix, avec de vrais VCO, de la mémoire de patch, des effets intégrés et un prix défiant toute concurrence.

Korg PolySix
Korg PolySix

Sorti en parallèle, le Mono/Poly adopte une approche originale : quatre VCO mais un seul filtre et une enveloppe partagée. Utilisé en mode mono ou paraphonique, il propose une architecture atypique et un son unique, ce qui en fait rapidement un chouchou des passionnés.

Korg enchaîne ensuite avec le Poly-61 (1982, à DCO) puis le Poly-800 en 1983, petit synthé portable à un prix très compétitif.

M1 : succès numérique

Malgré le succès des PolySix et Poly-800, le milieu des années 80 est compliqué pour Korg. Le numérique s’impose, et même si quelques modèles hybrides (comme le DW-8000) tentent de suivre le mouvement, Korg reste à la traîne… jusqu’en 1988. Cette année-là sort le M1, un tournant décisif. À l’image du D-50 de Roland, il exploite la synthèse par échantillonnage. Korg l’appelle AI (Advanced Integrated Sampling and Synthesis), une approche qui permet de manipuler des échantillons comme dans une synthèse soustractive. Le M1 inclut aussi une section rythmique, un séquenceur et des effets, un véritable studio intégré. Il devient un succès planétaire et fait de Korg un nom incontournable.

Wavestation : le coup de main de Dave Smith

Pendant que l’équipe japonaise continue d’explorer la synthèse AI avec les séries M et 01/W, la branche américaine de Korg innove aussi. À sa tête, Dave Smith lui-même (ex-Sequential Circuits). Après la faillite de Sequential, Yamaha récupère l’équipe, qui développe les SY22 et TG33 en 1990, deux synthés basés sur la synthèse vectorielle du Prophet VS (1986). Kato recrute alors l’équipe et lui demande de pousser plus loin le concept. Résultat : la Wavestation. Cette fois, c’est le Wave Sequencing qui est à l’honneur, une technique permettant d’enchaîner des échantillons PCM pour créer des textures rythmiques évolutives.

Triton : la bande-son des années 2000

À la fin des années 90, Korg est de retour au sommet. Le Triton, successeur du Trinity (1995), arrive avec 62 voix de polyphonie, des emplacements d’extension, la synthèse MOSS (issue du Z1), et un puissant arpégiateur intégrant un mode Wave Sequencing. Sonorités riches, effets puissants… Il devient un incontournable de la pop des années 2000, utilisé par des producteurs comme les Neptunes, Timbaland ou Max Martin.

Korg Triton
Korg Triton

MS2000 et MicroKorg : retour au virtuel

La vague Dance et l’attrait croissant des jeunes pour les sons vintage rendent les synthés analogiques virtuels incontournables. Korg réagit en 2000 avec le MS2000, qui combine modélisation analogique, samples PCM, formes d’onde du DW-8000, filtres multiples, arpégiateur, effets et vocodeur. Un clin d’œil évident au VC-10.

microKORG Family
la famille microKORG

Deux ans plus tard, Korg en propose une version compacte et simplifiée : le MicroKorg. Moins de boutons, plus de presets, et un succès monumental. Plus de 20 ans après, il est toujours produit, et le MicroKorg 2 assure la relève.

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Korg microKORG
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Korg microKORG 2
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Du MS-20 Mini à l’ARP Odyssey FS Kit : des rééditions fidèles

Aujourd’hui, les rééditions sont courantes, mais Korg a été l’un des pionniers en lançant le MS-20 Mini dès 2013. Depuis, il y a eu le MS-20 FS (en plusieurs coloris), la version Kit, le MS-20M en format desktop, et une superbe version actualisée du MiniKorg 700 : le 700FS.

Korg MS-20 FS
Le MS-20 FS de Korg en quatre saveurs fantaisistes

Korg ne s’est pas arrêté là. Il a aussi lancé une série de rééditions ARP sous licence officielle, incluant l’Odyssey (en formats mini, desktop, full-size et kit), mais aussi le mythique ARP 2600, en version compacte ou taille réelle.

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Korg MS-20 mini
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ARP Odyssey DIY Kit
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ARP 2600 M
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Analogique ou numérique, peu importe

Korg continue de suivre ses envies, sans se plier aux tendances. Résultat : la série Logue, avec les Minilogue et Monologue 100 % analogiques, les hybrides Prologue et Minilogue XD, et même le minuscule synthé numérique NTS-1 (sans oublier le Minilogue Bass!)

Korg Minilogue
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Korg Minilogue XD
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Korg Monologue BK
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Korg NTS-1
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Cerise sur le gâteau : une grande partie des meilleurs synthés de Korg est désormais disponible en version logicielle, des classiques comme le MiniKorg 700 aux modèles numériques récents. Une excellente manière d’explorer cette histoire riche et passionnante.

On aurait voulu parler aussi du Prophecy, du Radias, du KingKorg ou encore des Volca, mais ce sera pour une prochaine fois. Et toi, c’est lequel ton synthé Korg préféré ? Dis-le-nous dans les commentaires !

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