Clean: un compresseur vraiment pas comme les autres (et c’est tant mieux!)
En test aujourd’hui, je te présente le fabuleux compresseur Clean de Chase Bliss, une marque connue pour ses pédales de guitare de très haute qualité et offrant des approches toujours uniques et créatives. Peut-on rendre un compresseur créatif et excitant? Tel est le challenge que s’est donné le constructeur, et franchement… ils l’ont emporté haut la main.
Sommaire
Ah, la compression… quand on la maîtrise on n’a plus d’yeux que pour elle car elle permet de bien contrôler et ordonner le volume de ses sons sans en tuer la dynamique. Mais pour un·e débutant·e, et en particulier chez les guitaristes, la compression déboussole et rend perplexe: « à quoi ça sert? », « pourquoi j’achète pas un deuxième boost à la place », « ça va écraser mon son… ».
Les idées reçus sont nombreuses et le constructeur Chase Bliss a été très courageux et visionnaire de proposer une pédale qui enfin donne à la compression de nombreux effets créatifs: la pédale Clean propose bien sûr des fonctionnalités classiques pour contrôler la dynamique de ton son, mais également de chouettes idées créatives qui vont te surprendre.
Une fois cette pédale testée, et si tu en as le budget (469€ sur le site officiel, aoutch!), tu ne pourras plus t’en passer.
La compression n’a pas à être ennuyeuse
La compression, c’est un peu le parent pauvre des effets de guitare: pas aussi cool qu’un chorus, pas aussi audible qu’une distorsion mais pour autant tellement utile! On en voit rarement l’importance tant qu’on n’a pas mis les mains — ou les oreilles — dedans. J’ai par exemple dû acheter moi-même un compresseur d’occasion Mooer à 30€ (qui sonne plutôt bien malgré son petit prix!) à mon guitariste car celui-ci ne comprenait pas l’intérêt de cet achat, comparé à un troisième boost ou une distorsion tube scream (ah, les guitaristes…).
Il ne comprenait pas non plus pourquoi il avait des gros sauts de volumes entre ses effets et ses parties, alors que tout le reste du groupe avait un son bien équilibré. C’est parce que c’était le seul à ne pas avoir de compresseur et à ne pas avoir réglé le volume de ses pédales. Mais maintenant, tout va bien pour lui sur scène!
Cet exemple montre que dès que tu la comprends, la compression devient cette force invisible qui fait que ton son reste équilibré malgré les sauts de dynamique et frappe pile là où il faut. Mal exécutée, la compression peut transformer ton son en pancake/crêpe plate et sans vie… mais à juste dose, elle te permet d’être toujours audible et d’avoir une place fixe dans le mix, peu importe ton style de jeu.
Clean s’inscrit dans cette philosophie… mais en y ajoutant un twist totalement inattendu. En effet, Clean est dotée de nombreux effets créatifs qui permettent de rendre ce compresseur bien plus fun et créatif qu’une pédale classique de compression.
L’idée n’est pas simplement de polir ton son, de lisser les pics, d’accentuer ou de calmer tes attaques. L’idée avec Clean est de rendre la compression vivante, et expressive. Clean a pour ambition d’être à la fois un moteur technique et créatif et veut te prouver que la compression n’est pas une simple obligation technique : c’est un terrain de jeu qui peut être aussi fun que bien d’autres pédales!
Y arrivera-t-il? Roulements de tambour…
A quoi sert la compression?
Tu le sais sans doute, mais reprenons la base… Je vais essayer de pas trop t’ennuyer! La compression sert à réduire l’écart de volume entre les sons faibles et les sons forts. Autrement dit : elle rapproche les extrêmes de ton signal (son le plus fort VS son le plus faible) pour créer quelque chose de plus cohérent et homogène. C’est une explication très simplifiée qui fera bondir certainement 2-3 professionnel·les, mais tant pis… je prends le risque!
En guitare, la compression a plusieurs rôles concrets:
- Elle stabilise ton picking et contrebalance les éventuelles inconstances dans ton jeu (niveau volume). Attention, rien ne remplacera jamais une bonne technique de jeu! 💜
- Elle allonge le sustain perçu de tes notes et donne du corps à ton son. C’est particulièrement utile si tu as le compresseur (ou une deuxième pédale) en fin de pédalier, car elle va rehausser le côté « ample » de tes réverbs, délais et autres!
- En début de chaîne, elle permet d’avoir un signal plus équilibré pour que ta guitare fonctionne mieux avec tes autres effets! Attention, la compression n’a pas pour vocation, en fin de chaîne, de compenser les sauts de volumes de tes autres pédales d’effet… sinon cela va écraser ton son avec une compression trop forte. Règle chacune de tes pédales intelligemment pour pas que ton compresseur travaille trop et aplatisse ton son.
Le problème, c’est que certains compresseurs de guitare peuvent être soit trop basiques (trop peu de knobs pour régler correctement sa compression), soit trop clinquants/brillants, soit trop « bourrins » en compressant trop le signal et en lui enlevant toute sa dynamique avec des réglages fixes d’attaque ou de ratio de compression. Clean vient casser cette logique en proposant de nombreux contrôles sur les paramètres de compression mais aussi sur d’autres effets créatifs, notamment certains qui peuvent provenir de la surcompression et créer des résultats totalement inattendus en jouant sur quelque chose qui est au départ plutôt négatif. Malin!
Le parti pris unique de Clean
Le pari de Chase Bliss est simple : faire de la compression un outil d’expression, pas seulement un outil de correction.
Ce parti pris se manifeste dans quatre axes :
- D’abord, un circuit audio pur et clair, qui respecte ton instrument et peu le compresser de manière très subtile et très propre, ou très fort mais toujours très propre! C’est le côté « compression » classique de Clean.
- Des contrôles classiques parfaitement pensés, pour celles et ceux qui veulent juste un compresseur transparent et musical. On a une attaque, un seuil, un release, différents types de compression. Le tout est très bien pensé et on n’est jamais frustré par le manque de contrôles.
- Un réservoir d’options créatives, plus ou moins cachées. Et là, ça va très loin: trémolo, sidechain, limiteur crade, distorsion, effet lo-fi, stereo widener, du swell de volume… les fonctionnalités créatives de Clean sont très, très nombreuses.
- Une philosophie modulaire, avec 3 presets, divers mode mono ou stéréo, des entrées additionnelles MIDI ou SWTICH, un contrôle AUX…
Avec Clean, la compression n’est pas seulement un effet statique que tu règles et oublies à tout jamais. La pédale t’invite à la triturer dans tous les sens et à souvent rajouter une surcouche esthétique inattendue à ta compression. De quoi motiver les gens qui voient dans la compression un effet ennuyeux ou inutile. Très, très bien pensé!
Un fabuleux compresseur « classique »…
Avant même de parler des folies créatives de cette chouette pédale, commençons par le coeur de son taf: être un compresseur au son magnifique, et très propre (pour le moment!).
Clean peut parfaitement se comporter comme un compresseur standard haut-de-gamme. Pas d’artefacts étranges, de souffle ni de coloration forcée. Le son reste droit, propre et précis. Une fois enclenchée sur Norbert (mon Nord Stage 3), j’ai vraiment tendance à oublier la pédale alors que ce n’est pas toujours le cas avec des compresseurs plus bas de gamme et moins « subtils ». Clean mérite vraiment son nom!
La pédale fonctionnera pour tous les registres ayant besoin de transparence: funk, indie, gospel, pop, soul ou rythmique musclé… tout passe! Paradoxalement, Clean s’en sortira aussi très bien sur des genres plus « énervés », tu le verras par la suite.
Des contrôles classiques
Attack, Release, Ratio, Gain, Blend… Si tu connais les boutons classiques d’un compresseur*, Clean les possède tous, mais organisés par quelqu’un qui sait que les guitaristes n’aiment pas fouiller trop longtemps. Les potards en métal sont solides et on trouve les contrôles directement. Y aurait-il à tout hasard beaucoup de guitaristes dans l’équipe produit de Chase Bliss?
Tu ajustes l’attaque et immédiatement la sensation change : c’est musical, audible mais pas grossier. Tu joues sur la release et tu modifies la manière dont les notes sont relâchées par la compression. Dynamics fait office de seuil de déclenchement (threshold). Le ratio module la dureté de la compression, une fois son seuil de déclenchement atteint. Et le blend — le bouton magique — te permet de doser la transparence totale ou la saturation dynamique. Ce dry/wet est particulièrement utile sur un compresseur, car même si tu compresses trop… tu peux toujours remettre du signal original avec ton signal surcompressé et doser pour retomber sur tes pattes.
Le tout se règle vite, sans galère et toujours avec un bon son.
*Si ce n’est pas le cas, dis-nous en commentaire… qu’on te fasse une petite série sur la compression!
Un format pédale généreux
Chase Bliss n’aime pas les compromis minimalistes. La pédale a donc de la présence : une boîte solide, un châssis qui respire la solidité, deux footswitch à la fois ferme et doux à manipuler, des potentiomètres très beaux (j’adooooore les couleurs!) et très solides.
On sent l’objet premium en métal avec une résistance étudiée. Attention, nous ne sommes pas non plus dans le domaine du bijou industriel. Pour une pédale à ce prix-là, une finition de qualité me semble être un pré-requis. J’ai trouvé que Clean était bien fini mais je n’ai pas non plus était estomaqué. Disons que la pédale est dans la moyenne des pédales haut de gamme… ce qui contentera certainement tout le monde! Désolé d’en demander trop…
Une super sonorité et polyvalente
Clean n’est pas un compresseur à caractère unique: elle peut être transparente pour juste lisser ton son, aider à faire ressortir tes leads ou à booster ton signal, prolonger la tail de tes effets ou accentuer les attaques de ton jeu!
Mais elle peut aussi devenir un vrai labo sonore pour l’expérimentation, et ça peut aller très, très loin! Allez, on y va: c’est là que les choses deviennent fun avec Clean.
…mais qui a tellement plus à offrir!
C’est le moment où Clean devient bien moins gentil, bien moins propre! Car oui, Clean peut être un compresseur studio chic… mais c’est aussi une machine créative qui se nourrit de ta curiosité. Tu peux transformer Clean en outil de texture, en générateur d’ondulations, en pompage volontaire, en coloration dynamique. Un véritable petit studio modulaire pour traiter ton son.
Si tu veux un compresseur normal? Clean sait faire.
Si tu veux un compresseur trop totalement barré? Clean adore faire.
C’est un peu mon résumé de cette pédale schizophrène et absolument géniale.
Les switches infinis du panneau arrière
Chase Bliss a une signature : le panneau arrière bardé de petits commutateurs qui, au premier regard, ressemblent à un panneau de disjoncteur ou compteur Linky!
Derrière Clean, c’est pareil : une rangée de micro-switches, chacun ouvrant une fonction profonde, un comportement particulier, une logique de traitement inhabituelle. Je ne pourrai pas tous les résumer dans cet article « déjà trop long » mais en gros, je peux te les résumer en catégories.
On y trouve :
- Des modifications de courbes de compression
- Des comportements d’attaque alternatifs
- Des options de détection internes et externes (sidechain)
- Des variations sonores importantes (mono-to-stereo, effets lo-fi, overdrive, tape,…)
- Des modes d’intégration avec des contrôleurs externes
Ces switches ne servent pas au instrumentistes pressé·e. Ils servent à celles et ceux qui veulent expérimenter. J’avoue que ce n’est pas toujours super facile à manipuler, mais ces switches offrent tellement de possibilités bonus qu’on ne peut vraiment pas les bouder! D’autant plus qu’ils sont pris en compte par les presets de la pédale.
Quand Clean devient sale
Clean sait rester propre… mais elle peut aussi se salir, légèrement, élégamment… ou pas. Pas en saturant comme une overdrive, non. Mais en générant une texture vivante qui fait vibrer ton son avec des couleurs et une plage dynamique très étendues.
Passés les 2/3 du potard DYNAMICS, on commence à entendre un limiteur assez énervé s’enclenché et passés les 3/4 de la course, on est en plein chaos avec une réponse qui rappellerait un ampli à lampe en train de mourir. Très cool pour de la noise ou ajouter un côté garage à ton son.
Le switch « dusty » permet d’ajouter beaucoup de crunch et de caractère au son de base.
Tu peux également créer des sons lo-fi, des compressions inspirées des compresseurs vintages, des pompages vivants avec leur propre réponse dynamique. Clean peut devenir “sale” comme vieux vinyle ou un ampli totalement explosé… la quantité de couleurs disponibles dans cette pédale est impressionnante.
Le trémolo.
Un trémolo sur une pédale de compression: logique non? Le trémolo de Clean est un peu particulier et s’active via le switch Mode.
Clean offre la possibilité de transformer la compression en pulsation. Pas un trémolo sinusoidal classique, non. Un trémolo piloté par la dynamique, comme si la compression devenait un métronome organique.
Tu joues plus fort? La modulation réagit. Tu joues doucement? Le mouvement change. C’est un trémolo sensible, vivant, qui ne se contente pas d’être un effet statique.
Pour celles et ceux qui aiment le psyché subtil (oui ça existe) ou les textures ambiantes, c’est une trouvaille unique!
Les prises pédales additionnelles
Clean aime les connexions modernes, malgré son look boutique compact et rétro: elle est dotée d’entrées pour expression, d’entrée MIDI, d’entrées et sorties stéréo, d’entrées pour contrôle externe, pour switch additionnel et elle peut être pilotée par ton pedalboard comme un module semi-modulaire. Tu peux mapper un paramètre à un pédalier d’expression, faire des transitions dynamiques ou transformer la compression en performance. C’est vraiment très chouette, original et inattendu sur un compresseur.
Elle peut aussi s’intégrer à des systèmes MIDI complexes, même si ce n’est pas son rôle premier. Mais la possibilité est là et c’est déjà très cool. L’équipe de Chase Bliss a encore une fois été très généreuse.
Plusieurs présets (mais on aimerait plus)
Chase Bliss offre 3 presets, stockables et rappelables sur la pédale. On a accès a bien plus de présets grâce au contrôle MIDI, mais il te faudra un contrôleur MIDI pour lancer ou sélectionner ces présets. C’est à la fois une bénédiction et une super feature, car Clean peut basculer d’un compresseur transparent à une machine à textures en une seconde.
Le seul regret? On en voudrait davantage, et on voudrait pouvoir y accéder plus facilement avec des switches dédiés. Quand une pédale a autant de facettes, deux ou trois presets, c’est presque frustrant!
On serait presque frustré du form factor
La pédale est superbe avec ses couleurs bariolées, les potards sont super solides et la construction impose le respect. C’est indéniable. Mais Clean contient tellement de possibilités qu’on rêve d’une version élargie, avec plus d’espace, plus de place pour les doigts, plus de marge pour les contrôles, un accès facilité aux présets, aux switches dans le « dos » de la pédale.
On a tellement de possibilités avec Clean qu’on aimerait pouvoir manipuler ça plus facilement au(x) pied(s) et avec les mains. Le but ne serait bien évidemment pas de la rendre plus complexe — elle l’est déjà. Mais pour donner un peu plus de confort au cerveau et aux mains en live. C’est vrai que de mon côté, j’ai préféré choisir un réglage et ne plus le toucher car la pédale
Ce n’est pas une vraie critique, mais plutôt un compliment sincère: Clean donne envie d’explorer, et parfois on manque d’espace pour noter tout ce qu’on découvre.
Comment je l’utilise en concert?
Pour moi, Clean est devenue une pédale pivot. Je la place en début de la chaîne, en sortie stéréo de mon Nord Stage 3 et juste avant mon H90 d’Eventide. J’enclenche les switches Miso et Motion pour donner un petit côté lo-fi et wobbly, je mets un réglage medium en compression et met le tout en parallèle en mélangeant signal dry et wet.
Sur les rythmiques, elle apporte clarté et constance. Sur les solos, elle ajoute de la présence sans écraser et contrôle les envolées lyriques de mes sons de synthés. Sur les passages doux, elle sort joliment toutes les nuances et amplifie l’émotion. Sur les grooves funky, elle maintient le claquant sans faire casser la tête du public avec les transitoires.
En gros, pour mon usage raisonné… Clean est un excellent compresseur stéréo avec un supplément d’âme/texture/lo-fi très, très agréable!
Conclusion: une machine créative sans fin.
Clean n’est pas qu’un très bon compresseur premium. C’est un « instrument » à part entière, une boîte à outils dynamique, un compagnon de jeu qui ouvre des voies musicales inattendues. C’est vraiment dur de le ranger dans une case et en fait… il n’y a pas du tout besoin de le faire! C’est vraiment devenu mon compresseur préféré et même si j’aimais déjà ces effets… il a rendu la compression bien plus ludique et fun de mon côté.
- Si tu veux juste un compresseur efficace : Clean sait le faire.
- Si tu veux une machine à textures dynamiques : Clean sait le faire.
- Si tu veux une pédale avec un « feeling » boutique mais qui reste quand même très moderne dans ses fonctionnalités (MIDI, prises pédales AUX, présets, connexion USB, entrées et sorties stéréo): Clean sait le faire.
En gros, Clean sait (presque) tout faire! Oui, le prix pique un peu mais il est parfaitement justifié. Si tu veux une pédale de compression qui s’adapte à ton évolution musicale et à ton esthétique du moment: Clean t’accompagnera longtemps.
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