Test: Bus TRANSIENT d’Arturia, enfin un transient shaper qui se démarque du lot!
Sommaire
Il y a énormément de très bons transient shapers (si tu ne sais pas ce que c’est regarde le 1er paragraphe ci-dessous) disponibles sur le marché. Mais naturellement, on sait qu’Arturia n’a jamais peur de s’attaquer à des créneaux contestés (coucou les MiniFuses), avec des gammes de produits très diversifiées qui commencent à ressembler de plus en plus à celles des géants japonais (Roland, Yamaha).
Doit-on s’attendre à des bateaux ou des motos Arturia en 2026? Blague à part, Bus TRANSIENT, ce joli plugin m’intriguait et semblait amener un vent de fraîcheur au milieu des autres transient shapers très classiques dispo sur le marché. Plus de fonctionnalités originales sans sacrifier un workflow efficace. Gimmicks marketing ou vraies améliorations? On te dit tout (spoiler: c’est très positif!).
Les transient shapers: des outils pas fun mais indispensable
« Hey, pourquoi tu me prends la tête avec tes transients shapers, j’ai déjà 700 plugins sur mon DAW. »
Oui très cher·e, le point ci-dessus est totalement valide et je reconnais que les transient shapers sont moins connus que d’autres effets de mix plus établis (compresseur, eq, limiter, de-esser…). Ils sont pourtant super utiles: ils te permettent en 2-2 de donner plus ou moins d’impact à un son, mais également de lui donner plus ou moins de corps/sustain. Souvent bien plus efficacement et élégamment que le feraient un compresseur, une distorsion ou une EQ. Je m’explique concrètement:
Pousse la chansonnette 3 secondes et fais un joli « Paaaaaaa » de 1-2 secondes. Ou fais-le dans ta tête si tu es en public et que tu as peur de choper d’avoir honte. Dans ton magnifique son, il y a deux composantes principales:
- le « P », cette magnifique consonne bien claquante qui va représenter l’attaque, le transient de ton son
- le « Aaaaaa », une voyelle délicieuse qui représente le corps de ton son et dont tu contrôles la durée et le sustain grâce à ton souffle
Justement, un transient shaper va détecter ces deux paramètres dans le son que tu lui envoies (snare, guitare, pad,…) et va te donner un contrôle total sur ces composantes.
Tu veux réduire l’attaque de médiator d’une guitare électrique rythmique un peu trop agressive dans ton morceau de rock? Tu peux. Tu as un kick 808 qui manque un peu de corps mais tu n’as qu’un fichier audio (et pas le synthé ou la note midi qui le produit): le transient shaper te permet de booster son sustain malgré tout sans toucher à son attaque! Je t’avais dit que ça ne fonctionnait pas forcément comme un compresseur.
Un outil très pratique pour le mix, donc! Les transient shapers ne semblent pas très créatifs/fun de prime abord… mais tu verras que les ingénieur·es d’Arturia ont doté Bus Transient de quelques fonctionnalités très cool pour colorer ton son et aller au-delà d’un simple ajustement technique des transients.
Bus TRANSIENT: une UI sobre et efficace
Lorsque l’on déplie pour la première fois Bus TRANSIENT, on est rassuré mais pas franchement estomaqué. Pas de prise de risque esthétique ou de workflow, on est face à un plugin très, très classique. Mais bon, Bus TRANSIENT étant surtout fait pour des tâches techniques nécessitant d’être efficace… on ne lui en tiendra pas rigueur, bien au contraire. L’interface est claire, jolie et efficace!
Le plugin est aéré, il y a finalement assez peu de contrôles superflus, et on trouve vite des fonctions très pratiques de A-B (switcher à la voler entre 2 sons/pré-réglages pour comparer), d’Undo (annuler une action), bypass et autres.
Le visualisateur bi-colore pour voir le signal traité est de bonne taille et très lisible. Au-dessus de celui-ci, on identifie rapidement 3 bandes paramétrables pour traiter (au besoin) les bandes grave, medium et aiguë séparément.
J’ai pu prendre en main le plugin sans notice en littéralement 2 minutes. L’intuitivité de Bus TRANSIENT fait vraiment plaisir.
Je vais juste clore cette section avec humour… il semble qu’il y ait un petit glitch à corriger dans le Quick Start Guide. Lorsqu’on clique sur ce bouton, censé nous faire parcourir les fonctionnalités du plugin et nous expliquer ses contrôles principaux, on nous ressert la plaquette marketing du produit (« transient control at your fingertips », « wow »). Il s’agit clairement d’une erreur, car tous les autres Quick Starts de plugins Arturia sont au top. On espère donc voir cette petite bévue corrigée prochainement.
D’ici-là, tu trouveras de nombreux tutoriels sur YouTube, via le site d’Arturia ou sur le manuel d’utilisateur·rice en ligne…
Une grande polyvalence pour de nombreuses tâches
J’utilisais, avant Bus TRANSIENT, quelques références de transient shapers:
Ils faisaient tous très bien le taf, notamment le Softube avec ses pratiques fonctionnalités de soft clipping, de traitement multibande et autres joyeusetés. Mais je n’avais pas de gros coup de coeur contrairement à d’autres types de plugin (t’ai-je déjà parlé de ma sévère addiction au Vulf Compressor de Goodhertz?).
Bus TRANSIENT arrivait-il à point nommé? Plutôt, oui!
Niveau chaîne de signal, on retrouve du classique:
- Une « section » INPUT avec un visualisateur de niveau de volume d’entrée et un module SENSITIVITY qui correspondrait à un seuil/threshold sur un compresseur et détermine le volume de détection des transients et donc l’intensité de l’effet. Dommage de ne pas avoir de gain d’entrée… d’autant plus qu’on en a un en sortie!
- On arrive ensuite dans une partie de traitement avec une partie « transient » qui traite les « pics » du signal avec deux knobs (gain et time) et une partie « body » qui fonctionne pareil pour le sustain du son. Pour moi, ces deux knobs (gain et time) font à eux seuls le succès du plugin. Ils m’ont donné énormément de flexibilité et de puissance à disposition pour totalement altérer la dynamique d’un son. Chaque partie des transients offre également un contrôle de timbre qui va de -100% à +100%. Mega pratique aussi, j’y reviendrai!
- Ce module de traitement comprend trois bandes (jaune pour les basses, bleu pour les mids, magenta pour les aigus), totalement indépendantes. Cela veut donc dire que tu as accès à tous les contrôles mentionnés ci-dessus pour chaque bande de fréquences. Puissant! Il est juste dommage de ne pas pouvoir facilement désactiver chaque bande (ON/OFF), même si on peut repasser en 1 bande facilement en « tirant » le slider de la bande basse jaune et la bande aiguë magenta vers l’extérieur pour que la bande centrale bleue aille de 20hZ à 20kHz.
- On poursuit ensuite avec un petit module de soft clipping (à pente paramétrable) qui permet d’ajouter un peu de gras et une légère distorsion au signal… pour agir comme une compression naturelle. Si tu ne comprends rien au clipping et au soft clipping, n’hésite pas à me demander en commentaire… je t’expliquerai dans un autre article.
- Pour terminer, un très pratique module d’ajustement de gain de sortie ainsi qu’un dry/wet. Pour moi, tous les plugins devraient avoir ces 2 contrôles-là. C’est tellement plus flexible et pratique quand on produit/mixe.
Même si tu ne sais pas te servir d’un transient shaper, rien qu’en explorant les dizaines de presets fournis… tu auras déjà de super outils et bases pour travailler ton son. Les presets ont des noms très équivoques (regarde les quelques exemples ci-dessous) et en les choisissant pour tes besoins + en modifiant à l’oreille quelques réglages… tu pourras déjà bien affiner tes mixes! Le choix est très bien fait et beaucoup de presets sont très utiles tels quels en situation de mix.
L’algorithme/traitement de signal semble très propre. Même en essayant de violenter les réglages et de « faire n’importe quoi », je ne suis pas arrivé à prendre le plugin en défaut: le son reste propre, réactif et sans artefacts audibles. Bravo, Mauro.
Un transient shaper bien plus créatif que ce à quoi je m’attendais
Toujours en te baladant dans les presets, tu te rendras vite compte que ceux-ci font largement plus que simplement rajouter/diminuer l’attaque ou le sustain de tes sons. Les modifications peuvent être être assez extrêmes. « Comment est-ce possible vu que toi, testeur de gearnews, nous dis que c’est un effet technique de mix? »
Et bien, parce que Bus Transient propose plus de réglages qu’un transient shaper classique et que si on les ajuste de manière pas du tout subtile, on obtient des résultats créatifs franchement originaux.
Que se passe-t-il si tu prends une guitare avec beaucoup d’attaque et que tu réduis les transients au minimum, augmente le sustain à fond (avec une attaque rapide) et que tu enclenches le hard clipping avec une sensibilité au minimum et un gain de sortie un peu déraisonnable (attention au seuil de 0dB!) ? Et bien, le son ressemblement bien plus à un drone lo-fi crado qu’à une guitare rock incisive.
Bon, là je te donne un exemple extrême mais justement… en essayant de faire des réglages « inverses » de ce qui est attendu, tu peux vraiment t’amuser avec Bus TRANSIENT. L’idée d’avoir séparé plus précisément le gain/attaque du transient et du sustain que sur les autres transient shapers était vraiment cool car elle donne à la fois plus de précision pour les tâches techniques mais aussi une plus grande palette artistique. Vraiment cool!
Conclusion: mon nouveau transient shaper de référence
Pour 49€, Bus Transient est un tour de force et une vraie réussite! Je trouve qu’Arturia a trouvé l’équilibre parfait entre « donner plus que 2 knobs pour contrôler le son » et « ne pas te terrifier avec un mur de contrôles nombreux et mystérieux ».
On va vite quand il faut aller vite, on est précis quand il le faut, les présets sont bons, le prix raisonnable et on a même des possibilités créatives que je ne m’attendais pas à trouver dans ce type de plugin. Si j’avais cherché la petite bête, j’aurais demandé un peu plus d’originalité dans le plugin, qui est un « très bon élève mais ne prend pas beaucoup de risques ». Mais franchement, ce serait chipoter pour rien: le plugin est devenu mon transient shaper de référence pour les tâches techniques… et maintenant créatives!
C’est simple, on veut plus de plugins comme ça. 🤩
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