de Mix Jagger | 5,0 / 5,0 | 13 Minutes
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Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau intermédiaire et avancé - vignette
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Introduction

Chose promise, chose due, et suite à notre article précédent, aujourd’hui nous aborderons les différentes techniques d’enregistrement de niveau intermédiaire et avancé de la batterie, avec au minimum un micro employé pour chaque percussion distincte… et même pour la pièce d’enregistrement elle-même ! N’hésites pas, avant toute chose, à relire nos conseils sur la sélection de tes fûts et cymbales et l’accordage de ton kit avant de  te lancer : Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau débutant et intermédiaire.

La grosse caisse

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau intermédiaire et avancé - grosse caisse

Petit rappel avant de commencer : utiliser des microphones à condensateur trop près de la grosse caisse risque de surcharger la membrane ou le circuit interne du micro. C’est pourquoi ton choix doit plutôt se porter sur des micros à large membrane ou des micros dynamiques. De plus, une grosse caisse puissante possède souvent une fondamentale plus basse que ce que la pièce peut supporter, ce qui fait que notre oreille perçoit des harmoniques supérieures en lieu et place de la fondamentale elle-même. Ainsi, une taie d’oreiller pliée ou des serviettes de bain glissées dans le fût sont idéales pour créer l’amortissement nécessaire (le fameux damping). Si tu souhaites un son plus sourd et plus sec, positionnes le tissu contre la peau de frappe, à l’inverse si tu souhaites un son plus vivant, positionnes le contre la peau de résonance.

Si la grosse caisse est percée, places le micro au bord du trou (expérimentes et n’aies pas peur de positionner la membrane du micro à l’intérieur du fût), incliné de 30 à 45 degrés en direction de la batte. Si la grosse caisse n’est pas percée, places le micro entre 5 à 15 cm de la peau de résonance, décentré par rapport à la batte. Pour obtenir un son de grosse caisse très incisif, tu peux prendre une vieille carte bleue ou n’importe quelle carte en plastique et la fixer à l’endroit précis ou la batte frappe la peau (un bout de scotch double face fera l’affaire pour la fixer). Places ensuite un micro de type AKG D 112 MK II à 15 cm sous la batte. Cela lui donnera juste assez d’attaque sans être trop claquant. Mais si tu veux encore plus d’attaque, rapproche le micro à 10 ou même 5 cm de la batte. Sur une grosse caisse percée, tu peux suivre la même logique en installant un Sennheiser MD 421-II à l’intérieur, pointé vers la peau de frappe, assez près du point de contact avec la batte.

La caisse claire

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau intermédiaire et avancé - caisse claire
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Soyons clairs, le Shure SM57 LC est le standard absolu pour enregistrer des caisses claires, biensûr il existe d’autres alternatives plus onéreuses, mais la capacité du SM57 LC à conserver son punch et sa clarté, quelle que soit la puissance du batteur, en fait un atout de choix dans n’importe quel setup. En ce qui concerne la caisse claire, essaies toujours de placer ton micro pour qu’il rejette la repisse des charlestons autant que possible, sans déranger la position naturelle du batteur (c’est important que le batteur n’ai jamais à se soucier de toucher le micro pendant qu’il joue). Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de solution miracle, tu devras sans cesse expérimenter pour améliorer tes placements.

Comme point de départ, places un SM57 LC à environ 5 cm au-dessus du cerclage de la caisse claire avec une légère inclinaison (environ 45 degrés) pour que la face avant du micro soit dirigée vers le centre de la peau de frappe (si tu veux plus de rim/cerclage, incline le de quelques degrés supplémentaires). Encore une fois, pour obtenir une meilleure isolation des autres fûts et cymbales, tentes d’orienter le micro dédié à la caisse claire à l’opposé des charlestons, mais veilles toujours à ce qu’il ne gêne pas le batteur dans son jeu (un placement entre le rack des toms et les charlestons est généralement l’endroit idéal pour ça). Si tes moyens te le permettent, en plus du micro précédent, places un autre micro à environ 5 cm de la peau de résonance, juste sous la caisse claire, positionné avec un angle situé entre 45 et 90 degrés par rapport au micro supérieur, pour capturer au mieux le timbre de la caisse et compléter ta première prise. Faits un test d’écoute en alternant la phase du micro du bas pour affiner le rendu sonore que tu désires (avec plus ou moins de basses fréquences). Si tu entends trop de repisse de grosse caisse dans ce micro, n’hésites pas à lui appliquer un filtre passe-haut avec une fréquence de coupure réglée entre 50 et 100 Hz. En cas d’urgence de dernière minute, si tu fais face à une résonance têtue, utilises du ruban adhésif pour tendre légèrement la peau de frappe afin de casser et/ou d’atténuer cette résonance sans trop altérer le claquement de la caisse claire (colles en une extrémité à environ 1 ou 2 cm du bord de la peau, tires très légèrement dessus, puis colles l’autre extrémité sur le cerclage extérieur de la caisse claire).

Les charlestons

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau intermédiaire et avancé - charlestons

Les charlestons incarnent la signature rythmique d’un morceau et impriment le style particulier d’un batteur, son toucher et son groove. Les cymbales charlestons lourdes, pourtant idéales pour le live, ont tendance à avoir beaucoup trop d’harmoniques graves et à masquer la caisse claire en situation de studio. Essaies donc de privilégier des charlestons plus légers pour le jour de l’enregistrement. Sur ce type de cymbale, la distance avec le micro est critique : trop proche de l’extrémité de la cymbale, tu capteras trop d’air en mouvement, et trop proche du pavillon, tu capteras un son trop épais et difficile à placer dans le mix. Alors expérimentes au maximum avant de te décider. On utilise généralement un micro à condensateur pour enregistrer les charlestons afin de capturer au mieux leurs transitoires. N’hésites pas un seul instant à activer le pad (- 10 dB en général) de ton micro ou de ton préampli, car les charlestons émettent beaucoup de pression et de bruit.

Places le micro à l’arrière du kit, derrière le batteur, et le plus loin possible de la cymbale crash pour une réjection maximale. En ce qui concerne le type de micros, tu as le choix : places un micro à condensateur à petite membrane de type Neumann KM184 au dessus de la cymbale (un micro dynamique ou un micro à ruban peuvent aussi convenir), entre 10 et 15 cm environ, pointé vers le bas avec un angle de 45 degrés et dirigé à mi-chemin entre le centre et le bord des charlestons (tu peux aussi viser l’endroit précis où la baguette du batteur frappe la cymbale, pour obtenir encore plus de clarté et d’articulation). Selon le micro, cette position permet une bonne isolation du reste du kit. Rapproches le micro du pavillon pour un son plus épais, ou plus près du bord (voire à l’extérieur des charlestons) pour un son plus fin. Il est parfois préférable de filtrer tout ce qui est inférieur à 160 Hz à l’aide du filtre passe-haut de la console ou du préampli pour aider les charlestons à s’intégrer au mieux dans le mix, sans cannibaliser de fréquences utiles à d’autres percussions du kit. Et ne t’inquiètes pas, ces fréquences ne seront pas perdues et au contraire, elles auront plutôt tendance à purifier le son lorsque le reste de la batterie et des cymbales seront ajoutées au mix.

Les toms

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau intermédiaire et avancé - toms

Avant tout, rappelles-toi que l’accordage des toms est absolument primordial, tu dois essayer de réduire à néant les résonances sympathiques sur ce type de fûts. Lorsque tu enregistres plusieurs toms, discutes avec le batteur et orientez-les autant que possible dans la même direction afin d’éliminer tout problème de phase entre eux.

Sur les toms, plusieurs options de micros sont aussi envisageables, retiens juste qu’un micro à condensateur t’offrira une attaque plus marquée mais moins de punch qu’un micro dynamique. La plupart du temps, un Shure SM57 LC fera parfaitement l’affaire. Sur un grand kit de batterie (4 toms et plus), il peut aussi parfois être plus efficace de placer un seul micro pour chaque paire de toms plutôt que pour chaque tom individuellement (c’est un élément à retenir si tu possèdes un nombre limité de micros dans ta collection). Pour obtenir une attaque maximale, places le micro à environ 5 cm de la peau de frappe, au-dessus du bord du fût avec un angle de 45 degrés en visant vers le centre de la peau. Pour plus de corps et moins d’attaque, diriges-le plutôt près du bord et essaies de l’éloigner un peu plus (quelques centimètres suffiront). Penses à écouter l’ensemble des micros des toms en mono, et au besoin actives le commutateur de phase du préampli pour obtenir un son vraiment optimal. En ultime recours, un expandeur/gate peut être utilisé pour atténuer la résonance d’un tom ou la repisse excessive que tu n’arrives pas à maîtriser lors de la prise de son. Si ta console ou ton préampli en possède, essaies de l’activer en insert pour écouter le résultat et faire ton choix en conséquence. Notre conseil est de viser 5 à 10 dB de réduction pour obtenir un son de qualité tout en évitant d’appliquer un traitement trop destructif, qui pourrait s’avérer regrettable lors de la phase de mix.

Les overheads

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau intermédiaire et avancé - overheads

Selon le son recherché (qui dépend du morceau, du groupe et du batteur), les overheads peuvent être utilisés pour capturer le son de l’ensemble du kit ou alors principalement le set de cymbales. Autre point à prendre en considération, tu pourras choisir de capter les overheads soit du point de vue du public (en plaçant les micros devant la batterie), soit du point de vue du batteur (en plaçant les micros derrière la tête du batteur). Ce sont des choix artistiques qu’il convient de définir en essayant différents placements, en accord avec le groupe et le batteur lui-même.

Pour effectuer un enregistrement d’overheads du point de vue du public, en général, avec une configuration stéréo X/Y placée à environ 50 cm au-dessus des cymbales, l’image  stéréo est excellente et les problèmes de phase sont très réduits. Nous apprécions particulièrement les Neumann KM184 pour remplir cette tâche. Si ta pièce est trop réverbérante, rapproches simplement les overheads du kit de quelques centimètres et écoutes la différence pour valider ton placement. En variante, tu peux essayer un micro stéréo au lieu d’une paire X/Y. Pour effectuer un enregistrement d’overheads du point de vue du batteur, places une paire de micros en configuration ORTF à environ 25 cm derrière la tête du batteur (toujours à environ 50 cm au dessus des cymbales), pointée vers l’extérieur du kit, avec un angle descendant d’environ 45 degrés. Tu obtiendras cette fois une image stéréo encore plus réaliste de la batterie. En variante, tu peux ici aussi essayer un micro stéréo comme un Royer Labs SF-12 au lieu d’une paire ORTF. Penses à activer le pad (-10 dB) sur le micro ou sur ton préampli, car les cymbales produiront inévitablement beaucoup de pression et de bruit, comme nous avons pu le voir lors du chapitre sur les charlestons. Encore une fois, éloignes les micros si le son est trop fort et rapproches-les s’il est trop faible. Assures-toi que le kit complet et le set de cymbales sont bien équilibrés dans le champ stéréo lorsque tu isoles les overheads. Une technique efficace consiste à faire en sorte que la distance entre la caisse claire et chaque capsule soit à peu près identique, afin qu’aucun micro ne reçoive son signal avant l’autre et que la caisse claire sonne bien au centre de l’image stéréo des overheads.

L’ambiance de la pièce

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau intermédiaire et avancé - ambiance

En fonction du genre musical, l’ambiance de la pièce peut être un élément très important à capturer. De plus, c’est souvent un excellent complément à ajouter aux overheads pour obtenir un son encore plus riche, à la fois aéré et cohésif. Ici, tu dois considérer la pièce comme un élément à part entière du kit de batterie, ni plus ni moins. Et comme pour chaque fût et cymbales, la taille de cette pièce va jouer un rôle prépondérant dans ton choix de micro.

Ainsi, si la pièce d’enregistrement est plutôt petite (inférieure à 25 m2), nous te conseillons d’utiliser un micro qui possède une directivité bi-directionnelle (figure en 8) comme un AKG C414 XLII par exemple, placé à environ 3 mètres de distance et 1,5 mètre de hauteur face au kit avec un angle descendant de 45 degrés, car il captera essentiellement les deux extrémités (avant-arrière) de la pièce tout en évitant au maximum les réflexions du sol, du plafond et des côtés. Si la pièce est plutôt grande, nous te conseillons d’utiliser un micro omnidirectionnel, stéréo ou même cardioïde, en suivant la même méthode (encore une fois, le C414 XLII, avec ses multiples options de polarité, est un choix judicieux). N’oublies pas d’effectuer ici aussi un maximum d’essais, car chaque pièce est différente, et la position du kit de batterie dans cet espace jouera aussi un rôle important. Si le rendu est trop brillant, ou que le batteur utilise beaucoup de cymbales différentes, tu peux aussi essayer de rapprocher le micro du sol et changer son orientation pour choisir cette fois un angle de visée ascendant, et ainsi obtenir un rendu plus mat. En règle général tu peux régler la hauteur du pied de micro autour de 50 cm comme bon point de départ, et après comme d’habitude, écoutes le résultat et expérimentes.

Conclusion

Tout comme chaque batteur possède son propre style de jeu, chaque ingénieur du son possède ses propres techniques de captation pour la batterie. Sans compter les millions de kits, de pièces et de micros différents qui sont à ta disposition. Évidemment, il existe encore une myriade de placements et de choix de micros différents, tous autant intéressants que ceux développés dans cet article. Ici nous avons avant tout souhaité partager avec toi nos méthodes et techniques personnelles apprises au fil du temps et de nos nombreuses sessions de studio, en toute simplicité, et nous espérons que cet article t’a plu.

À ton tour, dis nous ce que tu en as pensé et partages ton expérience concernant les techniques d’enregistrement de la batterie dans les commentaires ! La suite au prochain épisode.

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