de Mix Jagger | 10 Minutes
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Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau débutant et intermédiaire - vignette
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Introduction

Incontestablement, la batterie est l’instrument central de la musique moderne, que tu produises du hip-hop, de la musique électronique, du rock, du reggae ou du jazz : ton son de batterie ne peut pas se permettre d’être approximatif, sous peine de ternir l’ensemble du morceau et de décevoir les auditeurs•rices. Mais malgré toute la bonne volonté du monde, il faut admettre que de nombreux détails insoupçonnés peuvent venir gâcher le rendu sonore tant espéré. Qu’il s’agisse de vieilles peaux usées, d’un mauvais accordage, de chanfreins irréguliers ou d’un accastillage défectueux, de nombreux kits qui semblent sonner parfaitement bien sur scène et en répétition, ne sont pas toujours à la hauteur des exigences rigoureuses d’un enregistrement de qualité.

Choisir et préparer son kit

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau débutant et intermédiaire - Choisir son kit

Quelle que soit la qualité de tes micros, préamplis et convertisseurs (même les plus haut de gamme), si le son de la batterie jouée dans la pièce n’est pas bon, tu ne seras pas satisfait du résultat. Il est donc primordial de faire en sorte que le kit sonne parfaitement bien avant même d’allumer un seul micro. Et si la définition d’un bon son de batterie varie d’une personne à l’autre, en studio, elle désigne généralement un instrument bien accordé, exempt de bourdonnements et de vibrations sympathiques indésirables. 

Ainsi, si le batteur frappe la caisse claire, les toms ne doivent pas résonner, et inversement, etc. Mais alors, comment atteindre ce niveau de perfection ? La réponse est à la fois d’une simplicité enfantine et en même temps assez complexe : tout réside dans l’accordage et l’entretien de la batterie, mais aussi et surtout dans le choix du kit pour la séance d’enregistrement. Voici donc quelques éléments clefs pour t’aider à faire les bons choix et améliorer tes productions.

Le diamètre des fûts est la caractéristique qui a le plus d’impact sur la hauteur des notes produites, plus le diamètre est grand, plus la tonalité naturelle d’un fût est grave. La profondeur du fût influence quant à elle principalement le volume sonore, plus le fût est profond, plus le son vibrera dans le temps. Le nombre de plis et l’épaisseur du fût sont, à tort, souvent négligés comme facteurs contribuants au rendu sonore, pourtant, les fûts plus fins sont aussi plus résonnants, car ils vibrent plus facilement grâce à leur masse plus faible. 

Mais le facteur numéro 1 reste les matériaux utilisés et le type de fabrication des fûts. L’érable par exemple, offre un son très uniforme sur toute la gamme des fréquences, l’acajou et le tilleul quant à eux offrent un son plus typé car les basses y sont beaucoup plus prononcées, le bouleau et le peuplier offrent au contraire un son plus brillant, avec beaucoup moins de basses. Ensuite, le type de chanfrein influence lui-aussi non seulement la hauteur mais aussi l’accordage du fût : pour résumer, plus l’angle du chanfrein est aigu et net, plus le rendu est brillant. Enfin, le type de cerclage utilisé pour fixer les peaux détermine lui-aussi le son produit : plus le cerclage est épais, plus la peau sera facile à accorder, et ainsi de suite.

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Quelques conseils sur l’accordage

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau débutant et intermédiaire - Quelques conseils sur l'accordage

Pour l’accordage, il faut avant tout essayer de maintenir toutes les tiges de tension (rods) égales afin qu’elles soient bien homogènes pour chaque tirant, tant sur les peaux de frappe que sur les peaux de résonance. Commences par les accorder chacune à la même hauteur. Ensuite, essaies d’accorder la peau de résonance par intervalle descendant d’une tierce ou d’une quinte, tu remarqueras vite que tu obtiendras de belles sonorités tout en évitant au maximum les résonances sympathiques indésirables avec les autres fûts.

Si ta caisse claire bourdonne quand les toms sont frappés, essaies de desserrer la peau de résonance et de ré-accorder les toms concernés. Si la grosse caisse manque de punch et de puissance par rapport aux autres fûts, commences par essayer d’atténuer ta caisse claire avec un matériau épais (une couette ou un oreiller par exemple, placé dans le fût en contact avec les deux peaux). Si ça ne fonctionne toujours pas correctement, tu peux aussi choisir d’installer une peau plus lourde (type Remo Emperor Coated par exemple). Si un ou plusieurs toms sont difficiles à accorder ou produisent une vibration indésirable, et que les peaux ne sont pas abîmées, commences par vérifier que la tension est uniformément répartie sur la peau de frappe et sur la peau de résonance (tu peux aussi essayer de tendre un peu plus la peau de résonance jusqu’à ce que tu obtiennes le résultat escompté).

Le plus important à retenir, c’est qu’au final, avec  un peu de patience et beaucoupup de persévérance, tu pourras toujours obtenir un son de qualité, même avec un kit d’entrée de gamme, à condition que tu prennes le temps de faire ces réglages et que tu n’hésites pas à investir dans de nouvelles peaux de frappe et de résonance régulièrement. Ici au studio, quand un kit arrive mal accordé, nous commençons toujours par changer les peaux, et dans la plupart des cas nous installons des références Remo (Ambassador Coated, Diplomat et Powerstroke en l’occurrence).

Une autre question se pose souvent (à chaque session en réalité) : faut-il accorder les fûts à la tonalité du morceau ? Paradoxalement : oui et non, il vaut toujours mieux essayer de choisir une tonalité qui sonne bien avec l’arrangement, et contrairement à la croyance populaire, ce n’est pas forcément un degré exact de la gamme utilisée. Et ce, pour la simple et bonne raison que la batterie doit pouvoir se suffire à elle-même, et que si elle est accordée de manière trop stricte, il se peut que les notes jouées par les autres musiciens masquent les différents fûts qui composent le kit dans le mix final. Tout ici est une histoire de perception, et de parti-pris esthétique (il n’y a pas de mauvaise réponse !).

En ce qui concerne les cymbales, il faut rappeler qu’une session d’enregistrement et un concert sont deux exercices très différents. Pour un enregistrement de qualité studio, il faut probablement choisir une ride plus lourde et une crash plus légère que d’habitude, de même pour les charlestons. Mais en guise de pense-bête, essaies toujours de privilégier des cymbales fines et légères plutôt que des cymbales plus épaisses et lourdes conçues pour le live. Encore une fois, c’est un conseil d’ordre général et pas une vérité absolue. Ici encore, tout dépend du style de musique que toi et ton groupe pratiquez.

Découvrir les configurations de micros 

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau débutant et intermédiaire - Découvrir les configurations de micros - Config 1 micro

Si tes moyens te le permettent, rien ne t’empêche d’utiliser des micros haut de gamme pour enregistrer ton kit, mais pour le commun des mortels, un budget d’enregistrement sera toujours limité et tu devras inévitablement faire des choix, sans pour autant sacrifier le rendu sonore final.

Ce qu’il faut retenir ici, c’est qu’il est faux de croire que la seule façon d’obtenir un son de qualité est d’enregistrer chaque fût et chaque cymbale avec un micro dédié. En réalité, il existe de nombreuses méthodes différentes qui utilisent entre un et quatre micros au grand maximum.

Pour faciliter les choses, essaies de visualiser ton kit comme un orchestre composé de plusieurs instruments. Ces instruments (les fûts et les cymbales) interagissent ensemble en permanence et résonnent en harmonie. Biensûr, des micros dédiés permettent plus de liberté pendant la phase de mix, mais plus souvent qu’on pourrait le croire au détriment du son de la batterie en elle-même.

En point de départ, commences d’abord par placer un seul et unique micro à 1 mètre devant le kit, à peu près à la même hauteur que la tête du batteur (un micro cardioïde à large diaphragme fera parfaitement l’affaire). Enregistres le jeu pendant une minute et écoutes le résultat. Si l’ensemble est équilibré, il se peut que ta mission soit déjà accomplie, sinon : tu pourras ajouter progressivement d’autres micros pour atteindre ton objectif, en commençant par un micro au centre de la grosse caisse pour récupérer plus de puissance dans le grave et apporter un soutien qui viendra compléter le rendu sonore du premier micro.

Si tu n’es toujours pas satisfait, il sera temps d’ajouter un troisième micro pointé sur la caisse claire à une distance d’environ 1 mètre également. En plus de capter la caisse claire, ce nouveau micro captera aussi le son de tes charlestons ainsi que celui de la cymbale crash, et une bonne partie des toms, tout en restant équilibré avec les deux autres micros. Penses à écouter le rendu en mono pour t’assurer qu’il n’y a pas de problème de phase entre les différentes pistes.

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau débutant et intermédiaire - Découvrir les configurations de micros - Config 3 micros

Une méthode alternative à trois micros est aussi envisageable : places un micro dynamique à environ 30 cm devant la grosse caisse. Places-en deux autres (de préférence des condensateurs à petite membrane) à environ 1 mètre de hauteur au-dessus des côtés gauche et droit de la batterie (overheads) et toujours autour de 30 cm de distance du kit, pointés vers le sol à un angle d’environ 90 degrés. Prends le temps de déplacer ces micros pour obtenir une image stéréo parfaite et écoutes le résultat. N’aies pas peur de recommencer plusieurs fois cet exercice jusqu’à l’obtention d’un son que batterie qui te plaise et qui corresponde aux besoins du morceau. Pour aller encore plus loin, tu peux reprendre la méthode alternative précédente et simplement ajouter un micro dynamique sur la caisse claire, positionné entre 15 et 30 cm de distance et pointé vers le centre de la peau de frappe avec un angle d’environ 45 degrés. Encore une fois, écoutes le rendu des quatre micros en mono pour contrôler la cohérence des phases et n’hésites pas à déplacer ce dernier micro pour améliorer le résultat, très souvent quelques centimètres ou un angle différent permettent de produire un son de kit beaucoup plus homogène et agréable à l’oreille.

Conclusion

Techniques d’enregistrement : la batterie / niveau débutant et intermédiaire - Conclusion

Pour aller plus loin, tu peux monter à 5 micros et même beaucoup plus. Et dans un prochain article, nous nous intéresserons aux techniques d’enregistrement plus avancées concernant la batterie, avec cette-fois un micro pour chaque fût et cymbale du kit (et même pour enregistrer les réflexions de la pièce !). En attendant, si tu souhaites commencer à te constituer un set d’enregistrement de qualité, saches que chez Gearnews.fr, nous aimons partager nos recettes apprises au fil du temps, et cette sélection de micros a été testée et approuvée sur plusieurs centaines de sessions d’enregistrement professionnelles, tu peux y aller les yeux fermés :

Si cette sélection est encore hors de portée de ton budget, voici quelques exemples de sets de micros équivalents et prêts à l’emploi qui te permettront d’atteindre des résultats professionnels sans te ruiner :

N’hésites pas à partager ton point de vue et tes expériences dans les commentaires, l’enregistrement de la batterie est un sujet très vaste et il est primordial d’échanger ensemble pour toujours continuer à progresser. Chaque ingénieur du son possède ses propres techniques et c’est en restant à l’écoute de ce qui se fait que nous pourrons tous continuer à améliorer la qualité de nos enregistrements. La suite au prochain épisode !

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