Ohmicide[S] : le test du plugin de distorsion multi-bande qui tue!

Une distorsion multi-bande avec un tableau périodique et une interface BD basée sur l’hémoglobine et les meurtres. Alors oui, ça semble un peu barré comme ça… mais c’est pour ça que l’excellent plugin d’Ohmforce est une réussite. Aujourd’hui, je teste ce qui est pour moi l’un des meilleurs plugins du genre.

Intrigué par le test de mes confrères d’Audiofanzine et une rapide discussion durant laquelle Arnaud (le testeur d’Audiofanzine) a largement vanté les mérites de la bête… je me suis dit que je devais mettre mes mimines sur Ohmicide[S].

J’ai en effet 2 religions dans la vie: les lignes de basse et les distorsions multi-bande sur toutes mes pistes audio! Je suis un énorme fan de Coldfire d’Arturia et depuis plus récemment de Roar d’Ableton, qui sont pour moi parmi les plugins les plus funs et polyvalents pour donner de la vie ou carrément tronçonner toute source sonore.

Quelles sont les armes du tueur en série?

Si tu es néophyte, sache qu’une distorsion a bien plus d’utilité que simplement faire sonner « rock’n’roll » ou rendre plus agressive une guitare! La distorsion peut servir pour de nombreuses tâches allant de faire ressortir une basse/voix un peu plus dans le mix à atomiser une boucle de la batterie pour la faire sonner de manière totalement irréaliste et tordue. Et ça tombe bien, Ohmicide[S] est un plugin à l’aise dans les deux tâches, mix ou créativité.

Si tu es curieux·se, la marque Ohmforce, qui a enfanté du plugin Ohmicide, a été créée par Grégory Maklès… un auteur de BD! Voilà donc pourquoi la direction artistique du plugin est aussi colorée, cartoon et bien exécutée. Un mystère de levé, ah.

Allez, commençons par un tour du propriétaire en liste organisée… car il y a vraiment beaucoup à dire.

Une distorsion multi-bande complète

• Ohmicide[S] permet de splitter le signal audio en plusieurs bandes de fréquence (jusqu’à 7 bandes selon les sources) pour les traiter différemment (algorithmes de distorsion et modulations propres à chaque bande, ça ouvre déjà beaucoup de possibilités!)
• Possibilité de routage en série, parallèle, ou d’utiliser un “X Band” dédié aux basses fréquences, pour préserver ou traiter séparément le low end. Pratique pour garder tes subs lisibles.

Une large bibliothèque d’algorithmes de distorsion

• 111 algorithmes différents (37 types que l’on peut utiliser en 3 modes* : Standard, XXX, ODD).
• Trois modes :
  • Standard : comportement “classique” de distorsion
  • XXX : plus proche d’un comportement analogique non-linéaire
  • ODD : mode “cassé / chaotique” avec des formes de distorsion plus créatives et imprévisibles (mon petit préféré 💜)
• Types variés : des distorsions “classiques” (ampli, consoles…), des textures “pointues / edgy” (v-shape, cubique…, adaptées aux musiques industrielles et hyperpop), et des distos complètement “timbrées” (ex : jellyfish, time-freeze…). 

*37 x 3 = 111 si les maths ne sont pas ton fort 💪

Contrôle de la dynamique

Une distorsion, ça peut carrément faire exploser tes tympans ou tes hauts-parleurs (voire les deux attention) si tu ne compenses pas le gain de sortie. Ohmicide[S] te propose donc des outils bien pratiques pour contrôler le volume de l’effet tout en ajoutant le grain de la distorsion que tu recherches (subtil ou extrême).

• Un compresseur / expandeur à deux boutons (“two-knob upward compressor/expander” si tu n’es pas anglophobe) pour sculpter la dynamique avant ou après la distorsion.
• Gate (noise gate) : possibilité de couper le bruit ou le signal selon les besoins. 

Filtres et Feedback

Une fois la distorsion appliquée, tu peux choisir d’y appliquer un filtre pour adoucir les fréquences (souvent aigues) rendues trop abrasives par la distorsion ou bien au contraire partir encore plus dans un délire sonore massacrant et ajouter des modulations timbrales ou sonores.

• Contrôle des fréquences via des filtres intégrés (filtrage) pour rendre certaines bandes “scream” ou les atténuer.
• Générateur de feedback (retour) : tu peux ajouter du feedback créatif dans chaque bande. C’est vraiment la fonctionnalité la plus créative à mes yeux!
• Mode mono / stéréo selon la bande. 

Modulations très poussées

J’y reviendrai mais j’adore le système de modulations d’Ohmicide: c’est visuel, intuitif, fun et super efficace. Tu déplies le panneau de droite et peux affecter 8 modulations paramétrables à n’importe quel paramètre et choisir des 4 macros renommables pour chaque préset. Le tout avec des barres et icônes colorés très visuels, vraiment très efficace!

• Moteur de modulation complet : LFO, séquenceur pas-à-pas (step sequencer), ADSR, envelope follower. 
• “Moduler les modulations” : tu peux avoir des modulations imbriquées, ce qui ouvre un énorme potentiel de design sonore. 

Emmanuel Macros

J’en ai parlé rapidement ci-dessus mais le système de macros d’Ohmicide est vraiment agréable et fluide à utiliser.

• 4 contrôleurs macro par preset. Tu peux renommer le nom de chaque macro.
• Mapping illimité : tu peux assigner un macro à plein de paramètres, définir des plages de contrôle, des courbes de réponse… 
• Très utile pour “jouer” le plugin / automatiser des transformations complexes avec un seul contrôle.

Présets / Navigateur de presets

• 108 presets livrés avec le plugin, ce n’est pas gigantesque mais c’est suffisant… et surtout les presets sont très différents les uns des autres.
• Les presets sont classés visuellement dans des banques, avec un petit paragraphe descriptif et un petit dessin ce qui rend la navigation + l’expérimentation très intuitive. 
• Beaucoup de presets conçus ont été par les talentueux·ses sound designers de Keepforest. Et ça se sent… je n’ai croisé aucun passager clandestin parmi tous les présets de la banque d’usine.

Ce que j’ai vraiment adoré, ce sont les templates/modèles de presets. Par exemple, le template de « kick/grosse caisse » laisse tes fréquences basses (subs) intactes et sépare l’impact/fondamentale (graves) du corps (médiums) et des aigus avec des points de séparation plutôt bien choisis. Il existe les mêmes modèles pour les hi hats, basse, snares,… c’est très cool pour créer soi-même ses présets et gagner beaucoup de temps.

Un son toujours juste, même/surtout dans les extrêmes

Quid du son? On peut avoir toutes les fonctionnalités du monde, mais si la qualité sonore ne suit pas… ça ne sert à rien. Rassure-toi, le son, ou plutôt les sons d’Ohmicide sont excellents, que ce soit dans les tâches subtiles ou moins subtiles.

En parcourant tous les présets et en faisant les miens à l’aide de tous les algorithmes d’Ohmicide[S], je ne suis jamais arrivé à prendre la bête en défaut! Ça sonne toujours.

J’ai particulièrement apprécié que le plugin couvre à la fois les usages subtils pour du mix et des usages totalement fous pour du sound design. En piste d’amélioration, j’ai trouvé qu’à part en allant chercher certains algorithmes et en poussant les présets ou potards, j’avais plus de mal à faire crier Ohmicide aussi rapidement que les plugins Roar ou Coldfire.

Attention, je ne dis pas qu’Ohmicide sonne « gentil », loin de là… mais il faut plus pousser le plugin pour arriver à des résultats abrasifs. Ça peut être un petit avantage ou un défaut selon tes préférences et les styles que tu produis. Mais dans tous les cas, tous est possible avec ce plugin… et ça sonne toujours bien!

Le fait d’avoir un oversampling ajustable est également agréable, d’autant que même s’il est gourmand… l’usage CPU ne devient pas abusé pour autant sur un MacBook Pro M2 Max de 2023. Bonne optimisation!

On a également la possibilité d’ajuster le routing entre parallèle et en série… super pratique pour changer le son à la volée et obtenir encore plus de couleurs.

Un traitement de la basse toujours aisé avec la X Band

Adorant les basses, je me devais de parler de cet outil sonore ma fois fort utile: une bande “X” reste toujours disponible pour le bas du spectre, ce qui permet de sculpter les basses sans les dégrader totalement. Hyper important pour avoir des sons distordus mais qui restent propres à l’écoute et au mix dans les graves. Très chouette feature pour mixer!

Une compression intelligente et musicale

J’en ai déjà parlé plus haut mais… ça t’est déjà arrivé de tourner un potard « drive » sur un ampli guitare ou sur ton plugin favori? En général, tu arrêtes avant la fin pour ne pas devenir sourd. En effet, la plupart des distorsions induisent un saut de volume assez important quand tu les utilises. Pourtant, dans la plupart des contextes (hors solo ou lead), on veut la couleur de la distorsion sans le saut de volume.

Bien évidemment, tu peux compenser le volume de sortie (output) avec Ohmicide, qui a une section prévue à cet effet. Mais ce super plugin offre également un module de compression pour t’aider à mieux contrôler la folie meurtrière de ses sons.

Un workflow efficace et fun

Grâce aux bandes entièrement paramétrables, aux modèles de présets, aux modulations visuelles, à l’interface claire… on va toujours vite!

Vu la richesse du plugin, ça tient presque de l’exploit car je connais des plugins bien plus limités en features qui peuvent être bien plus intimidants à utiliser. Bravo!

En petites pistes d’amélioration (purement subjective, peut-être que ce n’est que moi!), je ne suis pas arrivé à débloquer/paramétrer les « contrôles globaux ». Le panneaux que tu vois ci-dessous, est présent et fixe pour tous les présets. A la manière des contrôles globaux, j’aurais aimé les paramétrer et renommer. Autant le IN +OUT trims (compensation de niveau(x)) me semblent pertinents, autant je ne suis pas sûr que tout le monde utilisera les contrôles d’ADSR tout le temps?

Les contrôles globaux d’Ohmicide.

Au niveau de l’interface, j’ai eu tendance à me perdre entre les différentes bandes et les algorithmes de distorsion au départ. Avoir des codes couleur légèrement différents ou au moins des dégradés d’hémoglobine (pour rester dans le thème) aurait pu aider. Mais rien de grave, du moins pour quelqu’un sans problème de vision? Je serais curieux d’avoir vos retours en commentaire.

Dernier point, l’expandeur et le compresseur sont un peu déroutants à utiliser au départ. Les noms « Body » et « Shape », même s’ils sont plus parlants que des termes techniques, restent un peu vagues. Mais avec un peu de pratique et en utilisant mon oreille, je me suis vite habitué à ces contrôles. Et rappelons juste qu’avec un compresseur/expandeur sur une distorsion est très utile et pas si commun que ça… donc ça reste un bonus à célébrer!

Tu vois, j’ai vraiment dû me creuser la tête pour avoir des micros choses à redire… tellement Ohmicide[S] est excellent.

Conclusion: une distorsion multi-bande idéale

Pour 99€, le rapport qualité-prix d’Ohmicide[S] est fantastique. Je suis conquis! On est face à un plugin à l’interface chiadée, profond mais intuitif, toujours musical et super fun à utiliser.

Les modulations sont super faciles à affecter, restent flexibles à programmer et les macros renommables t’aident à les ordonner. Malgré les nombreuses bandes et algorithmes disponibles, le plugin reste bien rangé et n’est jamais intimidant.

Mais au final, même si les features sont riches et que le workflow est un quasi sans fautes… ce qui impressionne toujours avec Ohmicide[S], c’est le son. Et oui, en tant que musicien·nes, c’est que qui nous anime non? Que ce soit dans les tâches de mix subtil ou pour déclarer la guerre nucléaire du sound design à un pauvre pad qui n’avait rien demandé… Ohmicide fait toujours bien les choses.

Merci pour ce plugin!

Compatibilité DAW / Formats

• Disponible en AAX, VST3, VST2, AU selon la plateforme. ohmforce
• Compatible macOS (Intel + Apple Silicon) et Windows. ohmforce+1

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