de Mix Jagger | 5,0 / 5,0 | 10 Minutes
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Techniques de mix : égalisation / niveau débutant et intermédiaire - vignette
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Après avoir abordé ensemble la gestion des balances et du placement panoramique, il est temps de nous intéresser de près au sujet délicat de l’égalisation pour que tu puisses continuer à sublimer tes mixages. C’est parti !

Introduction

Dans la quête d’un rendu sonore en 3D, à la fois plus riche et parfaitement intelligible, l’égaliseur sera sans aucun doute ton outil principal. Mais comme tous les outils de pointe, son utilisation requiert une approche méticuleuse pour obtenir le son désiré. Sans quoi, c’est le chemin assuré vers la catastrophe auditive. Car après tout, rien n’est plus facile que de booster les basses d’une 808 à fond ou d’ajouter un maximum de médiums sur une guitare, et même si cela peut sembler bien sonner sur une piste isolée, c’est tout l’équilibre du morceau qui en souffrira au final. C’est pourquoi il faut toujours essayer d’approcher l’égalisation avec beaucoup de prudence et de retenue pour obtenir le résultat escompté, et ce peut importe le style musical pratiqué.

Bien comprendre les bandes de fréquences

Techniques de mix : égalisation / niveau débutant et intermédiaire - Bien comprendre les bandes de fréquences

Avant même de manipuler un égaliseur, il est primordial de bien comprendre les différentes bandes de fréquences perçues et/ou ressenties par l’oreille humaine et surtout leur influence particulière sur le rendu sonore global d’un morceau. Pour te faciliter la tâche, rappelles-toi simplement que nous pouvons décomposer le signal en 4 zones utiles distinctes : basse, bas-médium, médium-aiguë et aiguë. Chacune d’entre-elles possède ses avantages et ses inconvénients. 

Les fréquences aiguës (plage de 4 kHz à 16 kHz) sont très importantes pour contrôler la clarté et l’intelligibilité. De fait, une atténuation excessive de cette plage peut produire un effet de distance et rendre une voix ou un instrument difficile à apprécier. Les fréquences médium-aiguës (plage de 2 kHz à 4 kHz) sont très utiles pour contrôler l’agressivité et la sibilance. Ainsi, une accentuation excessive de cette plage peut produire une fatigue auditive rapide et complètement gâcher le rendu global. Les fréquences bas-médiums (plage de 250 Hz à 2 kHz) sont très importantes pour contrôler la présence et la chaleur des sons. Donc une atténuation excessive de cette plage peut produire un manque de corps et d’épaisseur sur les voix et les instruments. Les fréquences basses (plage de 30 Hz à 250 Hz) contiennent les notes fondamentales de la section rythmique. L’égalisation de cette plage peut donc modifier l’équilibre musical du mixage, pour le meilleur ou pour le pire.

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Définir son cadre d’écoute et son objectif

Techniques de mix : égalisation / niveau débutant et intermédiaire - Définir son cadre d’écoute et son objectif

Pour commencer, il est essentiel de s’installer dans une position et une attitude d’écoute attentive pour percevoir toutes les nuances du morceau en cours et des pistes qui le composent. Assures-toi d’abord d’écouter le tout à un niveau confortable : ni trop fort, ni trop faible. Un volume trop faible ou trop fort pourrait t’induire en erreur et t’amener à surcompenser certaines portions du signal. N’oublies pas que les systèmes de reproductions (enceintes, casques etc) mais aussi et surtout nos oreilles ne sont pas linéaires pour un sou, et qu’en fonction du volume, tu percevras telle ou telle bande de fréquence très différemment. Sans parler de la fatigue auditive sur le long terme. Alors assures-toi d’adopter un volume d’écoute confortable, c’est vraiment primordial.

Les plages de fréquences résumées plus haut fonctionnement toutes à double-tranchant, elles peuvent être tes meilleurs alliées comme tes pires ennemies, et c’est la raison pour laquelle il est très important de définir ton objectif de manière très précise avant de les modifier. On distingue trois objectifs principaux dans la poursuite de l’égalisation idéale : rendre une piste plus intelligible et mieux définie, donner plus d’ampleur et de corps à un instrument ou une voix, améliorer l’harmonie de tous les éléments joués ensembles (comme un puzzle de fréquences). Mais avant de continuer, prenons un instant pour rappeler que chaque morceau, chaque instrument et chaque musicienne·en est unique et qu’il est impossible de donner autre chose que des conseils généraux sur les méthodes d’égalisation. De plus, chaque ingénieur du son possède sa propre approche personnelle pour parvenir à un même résultat final. Donc si les méthodes que nous allons voir ensemble ne te conviennent pas, n’hésites pas à sortir des sentiers battus. En termes de mixage et de production musicale en général, la méthode importe peu et seul le résultat compte !

Méthode 1 : rendre une piste plus intelligible et mieux définie

Techniques de mix : égalisation / niveau débutant et intermédiaire - Méthode 1 : rendre une piste plus intelligible et mieux définie

Parfois au cours d’un mixage, même certains sons bien enregistrés ou issus de banques d’échantillons prêts à l’emploi peuvent manquer de vie. Pour cause, il arrive souvent que certaines fréquences soient accentuées ou atténuées à outrance. Et dans la très grande majorité des cas, le manque de définition d’un instrument est dû à un excès de fréquences bas-médiums, notamment entre 400 et 800 Hz. Cette zone donne un son étouffé et difficile à discerner si elle est mal gérée. 

Pour y remédier, déploies ton égaliseur favori (en version hardware ou plugin) et règles le potentiomètre d’accentuation/atténuation (Boost/Cut) sur un niveau d’atténuation moyen (8 ou 10 dB devraient convenir). Ensuite balaies les fréquences jusqu’à trouver une position où le son gagne en clarté, tu dois percevoir de manière évidente qu’il est moins étouffé et plus défini pour arrêter ton choix. Réduis ou accentues l’atténuation selon tes préférences (prends garde aux atténuations excessives qui rendent le son souvent trop fin). Si nécessaire, ajoutes un degré supplémentaire de définition en accentuant légèrement les médiums supérieurs (entre 1 kHz et 4 kHz) en avançant par palier de 1 dB et en faisant attention à ne pas accentuer les fréquences sifflantes plus que de raison. Ensuite, tu peux aussi ajouter une touche de brillance ou d’air en augmentant légèrement les fréquences aiguës quelque part entre 5 kHz et 15 kHz.

Méthode 2 : donner plus d’ampleur à un instrument ou une voix

Techniques de mix : égalisation / niveau débutant et intermédiaire - Méthode 2 : donner plus d'ampleur à un instrument ou une voix

La perception auditive de l’ampleur d’un son, ou de son corps, est souvent associée à la présence de fréquences basses situées quelque part entre 30 Hz et 250 Hz. Cela peut provenir d’une zone placée en dessous de 100 Hz pour les instruments graves (contrebasse, basse électrique, grosse caisse etc) ou d’une zone placée au-dessus de 100 Hz pour les instruments médiums et aigus (voix, guitares, claviers etc). 

Toujours armé de ton égaliseur favori, règles le potentiomètre d’accentuation/atténuation (Boost/Cut) sur un niveau d’amplification moyen (8 ou 10 dB devraient convenir ici encore). Balaies les fréquences basses jusqu’à trouver celle qui donne au son la plénitude souhaitée et réduit le niveau d’amplification selon tes préférences. Restes très attentif au rendu car une amplification excessive, même si elle sonne bien sur le moment, pourrait s’avérer beaucoup trop importante en fonction du système d’écoute utilisé (on pense par exemple aux smartphones et aux enceintes d’ordinateur que la plupart des auditrices·eurs utilisent au quotidien). Alors n’hésites pas à effectuer quelques écoutes de test sur d’autres systèmes de reproduction de moins bonne qualité que tes moniteurs de studio pour t’assurer que tu n’es pas allé trop loin dans tes réglages.

Méthode 3 : améliorer l’harmonie du morceau dans son ensemble

Techniques de mix : égalisation / niveau débutant et intermédiaire - Méthode 3 : améliorer l'harmonie du morceau dans son ensemble

Utiliser un égaliseur pour que chaque instrument ait sa propre plage de fréquences est sans doute la méthode la plus importante à retenir ici. En effet, chaque piste doit avoir sa place dans le mixage, tant en termes de niveau et de placement panoramique (comme nous l’avons vu dans les articles précédents), qu’en termes de fréquences.

Pour y parvenir, c’est très simple : notre conseil est de commencer par la section rythmique (batterie et basse) et d’appliquer ensuite la même recette à l’ensemble des pistes du morceau. Mais pour le moment, prenons l’exemple de la grosse caisse qui devra rester parfaitement intelligible par rapport à la basse. Tout d’abord, assures toi qu’aucune bande d’égalisation ne soit accentuée à la même fréquence sur les deux pistes, et si c’est le cas, choisis celle qui te paraît la moins pertinente et déplaces la de quelques hertz plus haut ou plus bas, pour éviter tout conflit. Aussi, si l’un des deux instruments est atténué à une certaine fréquence, accentue l’autre instrument à cette même fréquence (la métaphore du puzzle fonctionne toujours aussi bien ici). Par exemple, si la grosse caisse est atténuée à 500 Hz, renforces légèrement la basse à 500 Hz. Poursuis en traitant l’élément suivant (le plus prédominant dans le morceau), généralement la voix, et procèdes de la mème manière. Ajoutes le reste des éléments un par un, et trouve leur leur place, en vérifiant qu’ils ne se gênent pas avec les pistes traitées précédemment. Le but final est d’entendre clairement chaque instrument au sein d’un ensemble, et le meilleur moyen d’y parvenir est de leur assigner à chacun leur propre bande de fréquences. Et si une piste sonne moyennement bien en solo, ce n’est pas grave. L’important est qu’elle s’intègre bien au reste des éléments qui composent le morceau. Donc n’hésites pas à travailler par étape, et à y revenir autant de fois qu’il le faudra : commences par choisir un instrument, ajustes celui qui entre en conflit avec lui, reviens à l’original, re-modifie l’égalisation si besoin et ainsi de suite jusqu’à obtenir la séparation souhaitée. Parfois, un réglage léger suffit, d’autres fois, il ne faut pas hésiter à y aller d’une manière beaucoup plus radicale pour obtenir le résultat voulu.

Conclusion et recommandations

Pour terminer, nous te conseillons de toujours commencer par une égalisation soustractive : essaies d’atténuer les fréquences gênantes avant même de penser à en accentuer d’autres. De plus, tous les les égaliseurs créent un certain degré de déphasage lorsqu’on les utilise de manière additive (en boostant des fréquences), ce qui entraîne parfois une coloration indésirable du son. Alors reste vigilant, mais au final comme toujours : tout est permis et si ça sonne bien, c’est que c’est bien !

Bientôt, nous aborderons des techniques d’égalisation beaucoup plus avancées, pour les niveaux intermédiaires et avancés, mais en attendant si tu souhaites t’équiper voici quelques recommandations de plugins et de périphériques hardwares qui ont fait leurs preuves auprès des professionnels du monde entier : FabFilter Pro Q (un standard logiciel qui te permettra d’effectuer des traitements transparents et chirugicaux), Universal Audio Manley Massive Passive (une simulation licenciée d’un égaliseur mythique, connu pour apporter chaleur et dimension au signal) et Klark Teknik EQP-KT (une version abordable d’un égaliseur passif légendaire et très facile à utiliser).

Nous espérons que cet article t’a plu, n’hésites pas à lire ou à relire Techniques de mix : les balances et Techniques de mix : panoramique pour compléter ton savoir-faire. Et surtout, partages ton point de vue et tes techniques d’égalisation dans les commentaires, c’est en échangeant ensemble que nous continuerons tous à progresser. La suite au prochain épisode !

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